Culture innue

La culture innue est pratiquement intacte à Unamen Shipu. Encore aujourd’hui, des aînés ne parlent pas d’autres langues, ni le français, ni l’anglais. Venir nous visiter constitue une immersion «  globale » dans une autre culture : la langue parlée, les façons de vivre et de penser, le riche artisanat et manière de faire dans le quotidien.

Le Québec compte onze nations autochtones, qui sont réparties en cinquante-cinq communautés dont la taille varie de quelques centaines à quelques milliers de personnes. Les Innus sont les autochtones ayant la présence historique au Québec prouvée la plus ancienne, soit 10 000 ans environ ce qui est notable sachant qu’après la dernière période de glaciation, les premiers migrants venues d’Asie sont arrivés en Amérique du Nord par l’Ouest il y a 12 000 ans…

Les Innus étaient nomades et leur subsistance reposait sur les produits de la chasse, de la pêche et de la cueillette. Leur territoire ancestral couvrait toute la région comprise entre la ville de Québec et le Labrador et s’étendait jusqu’au nord de Schefferville. À la fin du XIXe siècle, la colonisation et l’industrie forestière entraînent la sédentarisation progressive des Innus vivant au sud. Plus au nord, le processus ne commence véritablement qu’au XXe siècle et même, dans certains cas, après 1950. Aujourd’hui, les Innus participent activement au développement touristique et à la gestion des ressources naturelles de leur territoire, notamment des rivières à saumon parmi les plus belles au monde. Dans les communautés innues, la chasse et le piégeage des animaux demeurent toujours des activités importantes autant pour la nourriture que pour leurs fourrures. Sur le plan politique, deux organismes représentent maintenant les Innus : Mamu Pakatatau Mamit et Mamuitun en plus des Conseils de bande pour chacune des communautés

L’appellation « La Romaine » dérive du vocable innu « olomane «  ou «  oromane » signifiant « ocre rouge », ce qui fait allusion à la couleur rougeâtre des eaux de ruissellement du printemps. Dans l’ouvrage « Occupation du territoire par les Montagnais de La Romaine », on retrouve de multiples renseignements pertinents au tourisme . En voici quelques extraits.

Musquaro. Source : Parcs Canada.

Selon les auteurs et les époques, Unamen Shipu est parfois appelée Olomanshibo, Olomanshipou, rivière Romaine, Grande Romaine ou Olomane. La période d’occupation française permanente a débuté en 1661 avec l’établissement d’une concession à durée limitée (contrairement à une seigneurie) avec pêche à la morue, chasse au loup-marin et traite avec les Indiens. Sous le régime anglais (1760), les droits et postes de pêche sont cédés à des concessionnaires anglais dont la Labrador New Concern en 1808. En 1821, avec la fusion de la Compagnie du Nord-Ouest avec la compagnie de la Baie-D’Hudson (HBC), le gouvernement accorde à cette dernière une exclusivité en pêche et de traite des fourrures entre Tadoussac et Unamen Shipu. A l’Est d’Unamen Shipu, la Labrador New Concern possède l’exclusivité sur la pêche. Après la disparition des monopoles au XIXe siècle, les premiers à établir un poste de pêche indépendant sont Michel Blais de Berthier et M. Hamel dans les années 1820 à Etamamiu. Dès 1831, la HBC exploite 4 postes de pêche intensive au saumon à l’embouchure des rivières Kégashka, Musquaro, Washicoutai et Uanamen. En 1846 s’ajoutent les rivières Etamamiu et Coucoutchou.

On observe la présence missionnaire par les Jésuites, (père Labrosse en 1769) auprès des « Montagnais » jusqu’à Musquaro (Mahkuanut) en Basse-Côte-Nord; les Oblats s’établissent à Unamen Shipu en 1844 en visitant les chapelles érigées à côté des postes de traite de la HBC dont Musquaro où chaque été les familles montagnaises (innues) s’y retrouvent. Ainsi, en 1844, le père Oblat Fisette rencontre à Musquaro vingt familles montagnaises, soit quarante-six adultes et trente-sept enfants. En 1853, cette chapelle quitte Musquaro pour le poste d’Etamamiu afin d’accommoder autant les Montagnais que les Canadiens (francophones). C’est en 1859 que la HBC abandonne son poste de Musquaro. Notez qu’une nouvelle chapelle se construit dans les années 1870 à Musquaro avec de plus en plus de familles montagnaises présentes l’été (ex : 100 familles en 1906). Une mission catholique y demeure jusqu’en 1946. Les Français avaient établi dès 1710 un poste de traite fortifié et la mission catholique fut fondée officiellement en 1800. La première chapelle en 1805. Le gouvernement canadien1 a désigné tout récemment les missions annuelles des Innus à Musquaro comme événement d’importance nationale dans le cadre du 150è anniversaire de la Confédération canadienne.

Les Innus arrivaient donc à la fin du printemps le long de la côte dont au poste de traite d’Unamen Shipu, se rendaient à Musquaro pour la mission religieuse rejoignant ainsi des Innus de Nastashkuan, Pukuashipu et de Kuekuantshit et retournaient ensuite en forêt dont principalement par la rivière Coucoutchou qui présentait des voies faciles de pénétration….
La présence accrue par le peuplement libre des pêcheurs blancs après la fin des monopoles ainsi que la location à de riches étrangers par les gouvernements de Québec et d’Ottawa des rivières à saumons mit un terme légal aux activités traditionnelles de pêche au saumon par les Montagnais dès la fin des années 1850.
Nous parlons ici avant tout de la côte car la connaissance « canadienne » des nouveaux résidents, commerçants et missionnaires portait essentiellement le long de la mer et non pas à l’intérieur des terres alors que les Innus vivaient principalement en forêt, partout et profondément sur le territoire incluant dans d’autres secteurs autres qu’Unamen Shipu tel que Pukuashipu (Saint-Augustin) et Nataskuanshipu. La notion de frontière en est donc une récente de la part des Européens et nouveaux canadiens.

La réserve La Romaine est officiellement créée en 1956 suite à une plainte d’un résident de La Romaine (P. A. Guillemette) qui se plaignait que l’été les chiens des Indiens détruisent les jardins et leurs tentes empiètent sur son terrain. Dans les mêmes années, la sédentarisation débute avec la concentration de différentes familles à Unamen Shipu dont les Mark de Coucoutchou. C’est aussi l’arrivée permanente du Père oblat Joveneau et le pensionnat indien de Sept-Îles pour des jeunes de la communauté. C’est le passage difficile d’habiter dans des maisons et non plus en tentes. C’est la création par le gouvernement fédéral de réserves à castors qui fragmentent le territoire forestier par l’imposition d’un responsable du territoire (tallyman) limitant l’accès à la ressource.